Ripaille
Concours ouvert, 2023, Self du terroir - Cabanons et mobilier en bois du Grand Chasseral.
Le projet « Ripaille » propose une combinaison subtile de matériaux régionaux provenant du monde agricole. L’assemblage entre les bottes de paille directement fournies par les paysans régionaux et une ossature bois rappelle l’essence même du présent concours : « la mise en valeur des produits agricoles locaux ». Le projet propose une utilisation innovante de combinaison de matériaux ; l’assemblage du bois et de la paille précontrainte met en valeur le potentiel inexploré de ces matériaux. Uniquement composé de matériaux naturels, le projet se veut durable : il exploite le potentiel de l’utilisation de matériaux stockant du carbone.
Ce projet modulaire offre une typologie pragmatique et adéquate pour la vente de produits du terroir. Sa simplicité, la répétition sérielle d’éléments de même taille, ainsi que la provenance des matériaux qui le composent garantissent une efficacité de construction et un faible investissement. De plus, tous les éléments de construction sont dimensionnés afin d’être transportable par camions.
Le cabanon se lit comme un assemblage de couches successives d’éléments de construction. Sa morphologie et les matériaux présents en façades, comme le crépi à la chaux et les boiseries apparentes, rappellent le langage des remises et des bâtiments agricoles présents dans nos régions. Par l’arrivée de lumière zénithale, la présence de la paille et de la charpente en bois, l’atmosphère intérieure se veut proche de celle que l’on peut trouver dans une grange.
La structure proposée associe judicieusement la paille et le bois. La charpente apparente se présente sous la forme d’un cadre/chevalet et vient moiser les murs en paille selon une trame régulière de 83cm. Le plancher préfabriqué fait office de plateforme et repose sur des fondations à visser qui peuvent s’adapter à tous les terrains, et ainsi permettre le démontage du cabanon sans laisser aucune trace dans le paysage.
La descente des charges agit principalement par la « technique des bottes porteuses ». Ce principe repose sur un calepinage de bottes de paille posées sans mortier. Les bottes sont liées les unes aux autres par des barres positionnée à leur centre. La partie inférieure et supérieure du mur en paille est fermée par un panneau massif en bois (lisse haute et lisse basse). Afin d’assurer la stabilité mais aussi de diminuer le tassement, les bottes de paille sont comprimées entre les 2 lisses. Cette compression est assurée par des câbles apparents fixés aux solives traversantes.
La stabilisation longitudinale est assurée par les murs en paille ne présentant ici aucune ouverture. Les barres de liaison assurent ainsi la transmission des efforts de cisaillement entre les différentes couches. L’effet de soulèvement est repris par les câbles via les fondations. Dans la hauteur du bandeau lumineux, les chevalets de la toiture sont stabilisés par des croix Saint-André.
Transversalement, les charges sont reprises dans les parois pignons. En partie arrière, la paroi ossature forme un voile stabilisant placé entre les bottes de paille. La stabilisation de l’entrée est assurée par un cadre rendu rigide dans la hauteur du linteau. Avec un panneau fixé en pleine surface, la toiture et le plancher forment, eux aussi, une plaque rigide.
La protection des éléments constructifs contre les éléments naturels est une préoccupation primordiale dans le projet. Les larges avant-toits protègent une grande partie des façades longitudinales lors de précipitations fortes. Les éléments qui restent exposés aux intempéries sont quant à eux traités de façon à y résister. Les solives qui constituent le plancher préfabriqué sont en chêne, bois très fibreux et imputrescible. Les éléments en sailli sont taillés de façon que l’eau ne puisse pas stagner sur la surface. Aux endroits de fixation, le bois est défoncé sur le pourtour du boulon afin d’offrir une protection contre l’eau ruisselante. Les lames de bardage des façades pignons sont conçues selon une technique traditionnelle permettant de protéger le bois de façon 100% naturelle en garantissant un bardage durable et respectueux de l’environnement. Cette technique consiste à brûler les lames de bois en surface créant ainsi une pellicule carbonisée qui protège des intempéries, des insectes ainsi que des UV, principales sources de détérioration. Une fois le bois brûlé en surface, il est protégé des agressions extérieures et préserve la façade pour une très longue durée sans utilisation d’un quelconque produit chimique. Finalement, le bâtiment est surélevé afin d’empêcher les rongeurs et autres animaux de s’introduire à l’intérieur.